Top 3 des évolutions de l’infrarouge sur le marché de la défense thermique ...
juin 22, 2020 . 4min read
Le domaine de l’innovation technologique de défense connaît aujourd’hui un développement remarquable, et ce que nous prenions jusqu’alors pour des fantasmes d’ingénieur s’avèrent parfois proches de la mise en service opérationnelle. Mais la prospective dans le domaine est complexe : quelles sont les voies susceptibles de déboucher ? Comment identifier les tendances, les ruptures technologiques ou capacitaires ?
L’observation des investissements tous marchés confondus et l’analyse de la viabilité économique des technologies permettent de tirer des enseignements et d’établir une prospective étayée par un certain pragmatisme. Les domaines sur lesquels les investissements porteront sont bien connus : robotique, intelligence artificielle, mobilité, énergie… De nombreux rapports pointent les secteurs technologiques destinés à un avenir brillant de par les montants astronomiques investis dans leur développement, et la rentabilité des marchés visés. A titre d’illustration, on estime à 6 trillions de dollars l’impact potentiel économique lié au développement des technologies d’intelligence artificielle et de big data d’ici 2025. Les véhicules autonomes, quant à eux, permettraient d’éviter 1,5 million de morts inutiles dans le même délai.
Le financement de cette recherche ne fait donc aucun doute. Les investissements massifs réalisés dans ces domaines permettront donc aux industriels de défense de disposer de technologies matures, financées, et qui auront franchi le fossé séparant l’innovation de laboratoire et la technologie industrialisée
Voici 3 exemples d’innovations technologiques autour du fantassin, du véhicule blindé et du champ de bataille.
Faciliter la tâche du fantassin
A l'image de notre société, les champs de bataille deviennent de plus en plus connectés. Toutes les unités militaires déployées sur le terrain - véhicules, drones, fantassins - échangent des données. Cela leur permet de réagir plus rapidement face à une menace mais aussi de passer à l'action de manière coordonnée.
Atos veut ainsi mettre les technologies de mobilité 4G et des objets connectés au service du soldat. La société informatique a développé une suite logicielle assurant un flux d’informations haut débit entre le smartphone du combattant, son casque radio et un boîtier qui permet de se connecter aux réseaux 4G civils et militaires. Les soldats ont testé des fusils d’assaut équipés d’un compteur de coups connecté, des drones capables de parcourir un trajet préenregistré, des montres tactiles émettant des appels d’urgence… Grâce à une tablette durcie, le commandement peut également connaître la localisation de ses troupes et donner des ordres en temps réel.
A noter que cette « connectivité » est de plus en plus développée dans les grands programmes de défense. La DGA (Direction Générale de l’Armement) poursuit ainsi son ambition de mieux protéger les forces terrestres et de leur apporter la supériorité sur le terrain avec le programme Scorpion. Celui-ci prévoit des 2022, le lancement des travaux d’intégration des robots et mini-drones dans le dispositif de combat. Ces systèmes non habités, connectés au système d’information et limitant l’exposition des combattants aux menaces potentielles, visent à apporter un avantage décisif aux unités en étendant leur capacité de renseignement et d’intervention.
Acteur particulièrement exposé, le combattant pourra demain, échanger des informations en temps réel et en toute sécurité avec tous les acteurs du champ de bataille. Il disposera de moyens d’échanges de données lui permettant d’accéder à des informations provenant des autres combattants et des véhicules et participera à alimenter la situation tactique du dispositif avec des éléments au plus proche du terrain.
La performance d’ensemble repose aussi sur la meilleure exploitation possible des nombreux capteurs déployés sur le champ de bataille. Pour traiter et analyser toutes les informations produites, il sera nécessaire de s’appuyer sur les technologies d’intelligence artificielle et de traitement massif de données, souligne la DGA. L’objectif est d’assister le combattant dans l’action en lui proposant des solutions pour une plus grande réactivité.
Innovations autour du véhicules blindés (bispectral, camouflage)
Le projet Caméléon fait appel à trois innovations : le camouflage dans les bandes spectrales du visible et de l’infrarouge thermique, l’analyse de l’environnement par capteurs et l’adaptation automatique du camouflage par algorithme de type Deep Learning.
Concernant le déploiement du bispectral pour les véhicules blindés, l’objectif est clairement de pouvoir bénéficier des avantages optimisés du MWIR et LWIR : le LWIR pour la détection des cibles à très grandes distances et le MWIR pour la reconnaissance et l’identification.
Du côté du camouflage, il s’agit de rendre le char le plus difficilement décelable.
« Un haut gradé est venu au camp de Mourmelon, et à 1.000 mètres, il n’a pas pu déceler le char », a confié la STAT (Section Technique de l'Armée de Terre)a franceinfo. Avec l’ancien camouflage, il fallait seulement 8 secondes pour repérer un blindé. Avec le nouveau, il faut plus d’une minute.
« Le camouflage actuel était rendu obsolète par les capteurs de détection et d’observation de plus en plus nombreux et performants », a expliqué un officier de la STAT, qui étudie également un moyen d’adapter les couleurs d’un blindé à son environnement en moins de deux heures.
Dans le cadre du projet Caméléon, la solution technologique consiste à recouvrir un blindé de tuiles connectés et divisées en pixels. Pouvant afficher jusqu’à 8 couleurs différentes, elles s’adapteront automatiquement à l’environnement du véhicules grâce à des capteurs et à un calculateur, chargé de trouver le camouflage le mieux adapté.
La robotisation du champ de bataille
En octobre 2018, le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser avait exposé très clairement sa position devant les députés de la commission de la défense « Ma priorité essentielle en termes d'innovation concerne la robotisation et la capacité à imaginer ou à construire des engins qui allègent les soldats en opération et fassent office de robots dotés d'une forme d'intelligence ». Ainsi, des mules robotisées sont capables aujourd'hui de transporter du matériel et des munitions, voire d'évacuer des blessés, et peuvent se déplacer de façon autonome sur le terrain.
A la suite d'une première expérimentation fin mars au centre d'entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB), l'armée de Terre souhaite ainsi rapidement poursuivre ses tests avec une dizaine de robots lourds, qui vont être déployé sur des théâtres d'opérations extérieures. Ce sera plus précisément au Mali au cours du second semestre 2020, explique-t-on à La Tribune.
La prospective technologique de défense est paradoxale : c’est à la fois un domaine d’expertise, de grande technicité, et un champ ouvert, où l’imagination et la curiosité sont essentielles. Le domaine de l’armement terrestre, s’il fait peut-être moins rêver dans l’imaginaire collectif que l’aéronautique, le spatial ou le naval, est en réalité d’une très grande complexité, et d’une exigence remarquable. Le terrain commande : la complexité d’un milieu que l’adversaire peut parfaitement connaître et maîtriser nécessite une avance technologique toujours au profit de l’homme. La surenchère technologique doit être évitée au profit d’une juste suffisance éclairée, un juste équilibre entre science, vision, anticipation et pragmatisme.
Pour en savoir plus sur un autre domaine, téléchargez notre datasheet sur l’industrie agro-alimentaire avec des exemples concrets d’applications.